Harold Acton (1904-1994), écrivain britannique d’origine italienne et esthète légendaire, a vécu sept ans à Beijing dans les années 1930. Spécialiste du théâtre chinois et de la poésie chinoise, il défendait l’idée d’une culture universelle.
Fréquentant assidûment les théâtres de l’avenue Qianmen, il se laissait envoûter par les opéras locaux, fasciné autant par les intrigues que par la ferveur des artistes. « Avec leur mélodie chantante à mes oreilles et leur saut agile devant mes yeux, je rêvais de transmettre ne serait-ce qu’une infime partie de leur charme aux spectateurs occidentaux, bien que les textes ne fussent que la trame de bien des performances exquises », a-t-il écrit dans Mémoires d’un esthète.M. Acton, qui se décrivait comme un « adepte fervent » et un « accro incorrigible » du théâtre chinois, voyait dans l’opéra de Pékin une véritable « nourriture esthétique ». C’est son désir de faire découvrir aux lecteurs anglophones la richesse de la littérature populaire chinoise qui l’a poussé à traduire de nombreux poèmes, pièces traditionnelles et romans chinois.
Parmi ses travaux, Pièces de théâtre populaires chinoises, publié par les Éditions en langues étrangères, présente une sélection de 38 traductions d’œuvres classiques allant de l’opéra de Pékin à l’opéra Kunqu, comme « La Concubine ivre », « Adieu ma concubine » et « Wu Song bat le tigre ». M. Acton les a organisées en six catégories : drames civils, comédies, farces domestiques, pièces de chant et de danse, pièces martiales et acrobatiques ainsi qu’œuvres hybrides. Chaque traduction inclut le titre, la période historique, les personnages principaux et secondaires, une préface, le texte principal et les annotations. Grâce à une documentation variée et à un contenu riche, l’ouvrage restitue avec précision le charme et l’essence du théâtre chinois.
L’opéra Kunqu, inscrit sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO, est considéré comme l’une des plus anciennes formes d’opéra chinois. Son style unique mêle chant poétique et gestuelle stylisée. Parmi ses chefs-d’œuvre figure La Concubine ivre, classée dans la catégorie « pièces de chant et de danse ». Elle met en scène la passion tragique entre l’empereur Xuanzong de la dynastie Tang (618-907) et sa concubine bien-aimée Yang Yuhuan, l’une des Quatre Beautés de la Chine antique.
L’ouvrage de M. Acton capture avec une justesse rare l’âme de l’opéra chinois, guidant le lecteur dans ses méandres enchanteurs.