En 2025, nous commémorons le 80e anniversaire de la victoire du peuple chinois dans sa guerre de résistance contre l’agression japonaise. Cette guerre de libération nationale fut, depuis la guerre de l’Opium en 1840, la première guerre anti-impérialiste remportée pleinement par la nation chinoise.
La Une du 15 août 1945 du journal Ta Kung Pao sur la capitulation inconditionnelle du Japon, affichée au parc Zhongshan à Wuhan (Hubei), le 31 juillet 2025
Durant quatorze années de combats acharnés, l’armée et le peuple chinois, au prix de sacrifices immenses, parvinrent à contenir plusieurs millions de soldats japonais. Ce faisant, ils allégèrent considérablement la pression qui pesait sur les États-Unis sur le front du Pacifique et contribuèrent indirectement à lever la menace d’un « combat sur deux fronts » qui planait sur les forces antifascistes en Europe. Ainsi, la résistance chinoise contre l’envahisseur japonais ouvrit le principal front de l’Est et joua un rôle décisif dans la victoire finale de la guerre mondiale contre le fascisme.
Le front chinois a immobilisé l’essentiel des forces japonaises
Depuis longtemps, certains chercheurs occidentaux, marqués par une vision « eurocentrée », refusent ou rechignent à admettre la réalité : la guerre de résistance menée par la Chine a joué un rôle déterminant dans la victoire de la guerre mondiale contre le fascisme. Cette position les conduit à minimiser, voire à nier, l’importance stratégique et la contribution du front chinois.
Cérémonie populaire commémorant le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste au Mémorial des aviateurs martyrs de Nanjing, le 7 juillet 2025
Le Président Mao Zedong affirmait : « Notre ennemi est un ennemi mondial ; la guerre de résistance de la Chine est une guerre de résistance mondiale. »
Par leur bravoure et leur persévérance, l’armée et le peuple chinois ont non seulement réduit à néant l’illusion des militaristes japonais qui prétendaient « anéantir la Chine en trois mois », mais ils ont aussi bouleversé la stratégie japonaise de « remontée vers le Nord » et compromis leur plan de « descente vers le Sud ».
Une composante essentielle de la guerre mondiale contre le fascisme
La Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise constitue une composante essentielle et indissociable de la guerre mondiale contre le fascisme. En tant que l’une des principales puissances engagées dans la Seconde Guerre mondiale, l’armée et le peuple chinois furent les premiers à ouvrir le chapitre de cette lutte planétaire.
Particulièrement durant la phase de résistance prolongée, la guerre de longue durée dirigée directement par le Parti communiste chinois mit un terme définitif au projet des trois puissances de l’Axe (l’Allemagne, le Japon et l’Italie) de se rejoindre au Moyen-Orient pour se partager le monde.
L’exposition « Pour la libération nationale et la paix mondiale : Commémoration du 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste » au Mémorial de la guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise, à Beijing, le 19 juillet 2025
Après l’ouverture du front du Pacifique, le front de l’Est devint également un champ de bataille majeur contre le fascisme japonais. Du début à la fin, les différentes forces armées de la résistance chinoise maintinrent fermement l’essentiel de l’armée de terre japonaise immobilisée sur le territoire chinois, ce qui bouleversa complètement les plans du Japon visant à « remonter vers le Nord » pour attaquer l’Union soviétique, ou à « descendre vers le Sud » pour envahir l’Asie du Sud-Est et l’Asie du Sud.
Les pertes japonaises sur le front chinois
D’après des estimations incomplètes, durant la guerre de résistance à grande échelle (1937-1945), plus de 200 batailles majeures et près de 200 000 combats de toutes tailles eurent lieu sur le front chinois, causant la destruction de plus de 1,55 million de soldats japonais. En y ajoutant les
1 283 000 soldats japonais qui se rendirent le 15 août 1945, on obtient un total de plus de 2,8 millions de militaires japonais empêtrés sur le théâtre d’opérations chinois.
Parmi ces pertes, l’armée populaire dirigée et commandée par le Parti communiste chinois anéantit à elle seule plus de 520 000 soldats japonais et 490 000 soldats collaborationnistes, soit un total de plus de 1,01 million d’hommes.
La haute estime de la communauté internationale
La guerre de résistance de la Chine suscita une grande attention et fut largement reconnue par la communauté internationale. Le 6 janvier 1945, dans son discours sur l’état de l’Union, le Président américain Franklin D. Roosevelt déclara : « Nous n’oublierons pas non plus comment, pendant plus de sept longues années, le peuple chinois a tenu tête à l’attaque barbare des Japonais et a immobilisé une grande partie de leurs forces armées sur le vaste continent asiatique. »
La section dédiée aux étrangers qui ont travaillé aux côtés du peuple chinois dans sa guerre de résistance contre l’agression japonaise au Mémorial révolutionnaire de Yan’an (Shaanxi)
Il ajouta : « Si la Chine n’avait pas résisté, si elle avait été écrasée, imaginez combien de divisions japonaises auraient pu être redéployées ailleurs. Ils auraient pu, sans difficulté, s’emparer de l’Australie, de l’Inde — et même poursuivre leur avancée jusqu’au Moyen-Orient. »
Plusieurs universitaires, dont l’historien Mark Selden de l’université Cornell et Edward Friedman, professeur de science politique à l’université du Wisconsin à Madison, ont exprimé une haute appréciation de la contribution chinoise à la guerre contre le Japon.
Le maréchal Vassili Tchouïkov, ancien attaché militaire soviétique en Chine, souligna : « Même durant les années les plus difficiles de notre guerre, le Japon n’a jamais attaqué l’Union soviétique, préférant plonger la Chine dans un bain de sang. Toute personne ayant un minimum de respect pour les faits objectifs ne peut ignorer cette réalité évidente et incontestable. »
Pour sa part, Iouri Tavrovski, professeur à l’université russe de l’Amitié des Peuples, rappela : « Depuis l’Antiquité, mener une guerre sur deux fronts est le cauchemar de tout stratège… L’Armée rouge soviétique, durant la Seconde Guerre mondiale, ne s’est pas trouvée prise dans un tel piège. Elle a ainsi pu concentrer ses forces pour défendre Moscou et Stalingrad, et finalement remporter la victoire sur le front européen de la guerre. Tout cela, nous devons nous en souvenir : nous le devons aux immenses sacrifices de la Chine et à sa contribution exceptionnelle. »
En 2005, à l’occasion des commémorations mondiales du 60e anniversaire de la victoire contre le fascisme, les grands médias britanniques mirent en lumière l’ampleur des contributions chinoises. The Guardian souligna explicitement que, sans la capacité de la Chine à immobiliser l’armée japonaise sur le front asiatique, le Japon aurait très probablement attaqué l’arrière de l’Union soviétique ou lancé une vaste offensive dans la région du Pacifique et l’histoire en aurait été totalement bouleversée.
Par ailleurs, Antony Beevor, professeur invité à l’Université de Londres, exhorta ses collègues à repenser l’histoire de la Seconde Guerre mondiale, en élargissant leur champ de vision au-delà de « leurs propres pieds », c’est-à-dire l’Europe continentale, pour y intégrer les théâtres d’opérations éloignés mais tout aussi déterminants.
*GAO FUJIN est professeur à l’Institut du Marxisme de l’Université Jiaotong de Shanghai