Le monde actuel traverse des mutations profondes et complexes. Les tensions géopolitiques et les risques de confrontation entre blocs nous amènent une fois de plus à un carrefour décisif. En ce 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste, revenir sur cette période dépasse la simple commémoration : cela nous invite à réfléchir sur les leçons du passé pour préserver la paix durement acquise. Plus que jamais, il importe de bâtir un consensus pour œuvrer ensemble à l’édification d’un avenir meilleur pour l’humanité.

La nécessité d’une perspective historique complète et dénuée d’occultations s’impose. Comme le souligne la chercheuse française Sonia Bressler, le récit occidental dominant de la Seconde Guerre mondiale a longtemps ignoré le rôle crucial joué par la Chine sur le front oriental principal. Cette omission, loin d’être anodine, a non seulement faussé la représentation des faits historiques, mais aussi alimenté nombre de malentendus contemporains. Dans ce contexte, mettre en lumière la contribution décisive des militaires et des civils chinois est non seulement nécessaire à la justice historique, mais représente aussi une pierre angulaire indispensable à la construction d’une confiance mutuelle pour l’avenir.

Derrière les affrontements acharnés entre pays et blocs, un autre combat plus fondamental se poursuit sans relâche – l’affrontement intemporel entre humanité et barbarie, conscience et atrocité, qui se manifeste souvent dans des récits individuels.

Qu’il s’agisse de John Rabe, homme d’affaires allemand ayant protégé des centaines de milliers de civils chinois dans la ville occupée et martyrisée de Nanjing, ou des pêcheurs de Zhoushan venant en aide à des prisonniers de guerre britanniques dans les eaux glacées, ces actes révèlent une vérité immuable : les fondations les plus solides de la paix résident dans une entraide humaine qui transcende les frontières.

Ces choix individuels n’appartiennent pas qu’au passé. Préservés et transmis de génération en génération, ils sont devenus des liens solides d’amitié entre les peuples. Lorsqu’un jeune Français remet à la Chine des photos familiales témoignant des atrocités japonaises pendant la guerre, ou lorsque des descendants des survivants et des sauveteurs se retrouvent, nous assistons à la métamorphose de la mémoire historique en amitié et en confiance. Dans un monde incertain, ces liens émotionnels, fondés sur une humanité partagée, sont particulièrement précieux pour combler les fractures et l’oubli.

Aujourd’hui, revenir sur l’histoire n’a pas pour but de perpétuer la haine, mais de puiser dans le passé une sagesse et une force pour l’avenir. Comme le rappelle David Gosset, expert en affaires internationales, la paix n’est jamais un acquis naturel, mais un héritage fragile qui exige une vigilance constante. Dès lors que le dialogue est remplacé par la confrontation, que la compréhension est rongée par la méfiance, les tragédies de l’histoire peuvent ressurgir sous de nouvelles formes. Par conséquent, l’édification d’une paix durable repose sur le respect mutuel, la coopération pragmatique et la défense d’un multilatéralisme efficace sous la direction des Nations unies. À l’heure où les conflits en Ukraine et au Moyen-Orient ébranlent l’ordre international et bafouent les principes humanitaires les plus fondamentaux, l’appel de Sonia Bressler prend une résonance particulière : ce n’est qu’en se remémorant ensemble la vérité historique, en reconnaissant les souffrances et l’entraide passées, que nous pourrons avancer main dans la main et offrir aux générations futures un monde où l’histoire sert de pont, et non de fossé.