Nacèra Kaïnou　 

　　Nacèra Kaïnou, sculptrice et peintre française, est plongée dans la création artistique depuis près de 30 ans. Deux de ses sculptures, celles de Charles de Gaulle et de Victor Hugo, ont été offertes à la Chine par les chefs d’État français.

　　Deux bustes de Victor Hugo à l’origine d’une relation avec la Chine

　　Mme Kaïnou est allée pour la première fois en Chine en 2010, année marquée par un double événement : l’Exposition universelle de Shanghai et le 150e anniversaire de l’incendie de l’ancien Palais d’été à Beijing. Deux bustes de Victor Hugo réalisés cette même année par l’artiste ont alors été installés l’un à l’ancien Palais d’été, l’autre à Shanghai. D’après Mme Kaïnou, créer un buste de Victor Hugo, ce monument de la littérature qui dénonça le sac de l’ancien Palais d’été au nom de la justice, a été « une expérience d’une résonance symbolique exceptionnelle, marquant un tournant inoubliable dans ma carrière ».

　　En 2010, le buste d’Hugo a été dévoilé sur le site de Dashuifa dans l’ancien Palais d’été en présence de Mme Kaïnou. En mai de la même année, l’Expo universelle de Shanghai a ouvert ses portes. Un autre buste d’Hugo créé par Mme Kaïnou a été exposé dans le pavillon français. Quelques mois plus tard, en décembre, il a été installé à titre définitif sur l’avenue de la Comédie de l’Académie de théâtre de Shanghai, à l’occasion du 65e anniversaire de la fondation de cette université.

　　Mme Kaïnou a toujours éprouvé un fort intérêt pour la culture orientale et celle de la Chine. Beaucoup de ses sculptures sont créées à partir de figures chinoises, par exemple « Confucius », l’une des œuvres de sa série « Grands personnages ». Un autre portrait, « Le petit Afu », a été conçu lors de sa visite à Zunyi dans la province du Guizhou (sud-ouest de la Chine). Durant son séjour, le petit Afu allait régulièrement la voir dans les ateliers d’artistes du village. « Je me suis beaucoup attachée à lui, je l’ai donc choisi comme modèle », explique-t-elle.

　　Ses sculptures portent principalement sur les têtes humaines ; ses œuvres dégagent une grande force qui découle de sa compréhension des modèles. Pour l’artiste française, sculpter, c’est comme écrire de la poésie par le modelage et rédiger une biographie avec de l’argile.

Le petit Afu

　　Séjour à Zunyi : découverte de la Chine « rurale »

　　Pour Mme Kaïnou, ce n’est qu’en posant le pied en Chine qu’on peut découvrir la beauté de ce pays. En plus des grandes villes incontournables comme Beijing et Shanghai, il faut explorer les petites villes.

　　En avril 2016, le Festival international d’art de Zunyi a débuté et plus de 50 artistes français se sont installés dans le bourg pittoresque de Tucheng (district de Xishui) vieux de mille ans, où ils ont échangé et créé sur le thème « Zunyi aux yeux des artistes étrangers », pendant 40 jours. Ils se sont rendus dans plusieurs districts, et à l’issue de cette immersion, près de 300 peintures et sculptures ont été créées, dont 7 œuvres de Mme Kaïnou.

　　Visite à Xi’an : s’imprégner de la Chine « artistique »

　　Mme Kaïnou aspirait depuis longtemps à visiter l’armée en terre cuite de l’empereur Shihuangdi des Qin datant d’il y a plus de 2 000 ans.

　　À l’occasion du Forum international de l’éducation artistique de la Route de la soie et de l’Exposition internationale de peinture à l’huile en décembre 2019 à Xi’an, Mme Kaïnou est retournée en Chine et a réalisé son rêve. « J’ai été extrêmement émue de fouler le même sol que ces sculpteurs en 210 av. J.-C. », avoue-t-elle.

　　Durant ce forum, Mme Kaïnou a prononcé une allocution pour parler de sa compréhension de l’art chinois : « La peinture chinoise n’est pas une simple représentation visuelle de ce que l’artiste voit ou imagine, il s’agit plutôt de l’expression d’un mode de pensée, mettant en avant l’harmonie entre l’homme et l’univers, et le dynamisme de cette relation. »

　　Mme Kaïnou apprécie beaucoup la créativité des artistes chinois contemporains. Ses voyages en Chine lui ont permis de faire la connaissance de nombreux artistes et de se lier d’amitié avec certains d’entre eux. « La Chine est un merveilleux terreau d’inspiration », déclare Mme Kaïnou. Elle dit éprouver le besoin constant de découvrir le monde inconnu et de comprendre ce qui existe au-delà du visible, afin de créer des figures humaines plus réelles et touchantes et de transmettre aux spectateurs la sincérité et la force au cœur de celles-ci.

　　À l’avenir, Mme Kaïnou espère avoir l’opportunité de revenir en Chine et de parcourir la « mythique Route de la soie » : « J’aime les lieux chargés d’histoire, les paysages et les gens qui les habitent. »

　　LIU YANQING • traductrice indépendante