La Chine a toujours semblé être une terre lointaine, enveloppée de mystère et d’inconnu. Lointaine, non seulement par sa géographie, mais aussi par les multiples couches de sa profondeur culturelle. Et pourtant, s’il y a bien un trait qui caractérise la jeunesse d’aujourd’hui, c’est cette soif d’explorer l’inconnu, d’embrasser l’inattendu et de laisser de nouvelles expériences transformer notre regard sur le monde. La Chine, tout comme notre séjour à Beijing et dans la région autonome hui du Ningxia, a parfaitement incarné cette approche. Ce voyage a été bien plus qu’une simple découverte, car ce fut une révélation, une expérience capable de modifier en douceur notre façon de percevoir le quotidien.
Darko Savovic (1er g.) et d’autres participants au 6e Atelier européen des jeunes leaders participent à une activité pratique de lutte contre la désertification dans la région aride du Ningxia, le 25 août 2024.
En août 2024, j’ai eu l’honneur de participer au 6e Atelier des jeunes leaders européens à Beijing et dans le Ningxia. Aux côtés de 28 jeunes issus de 24 pays européens, j’ai découvert deux visages très différents de la Chine. D’un côté, le dynamisme ultramoderne de Beijing et de l’autre, le potentiel en plein développement du Ningxia. De l’usine intelligente de Xiaomi au centre logistique de JD.com, de la Cité interdite à la Grande Muraille, des vignobles et des déserts du Ningxia au Musée du Parti communiste chinois, notre itinéraire était un fascinant mélange de traditions anciennes et de progrès fulgurants. Ce fut une véritable immersion dans le passé, le présent et l’avenir de la Chine.
Depuis l’enfance, j’ai été en contact avec la culture chinoise à travers les nombreuses boutiques chinoises de Podgorica, ma ville natale. Plus tard, pendant mes études universitaires au Monténégro, j’ai eu le privilège d’apprendre auprès de professeurs chinois. Ces expériences avaient fait naître en moi une curiosité. Que ressent-on en entrant dans leur monde, comme eux sont entrés dans le mien ?
J’ai rapidement eu ma réponse. Dès l’embarquement sur le vol Istanbul–Beijing, tout n’a été qu’émerveillement. À notre arrivée à l’Aéroport international de Beijing, la chaleur humaine de l’équipe organisatrice m’a immédiatement fait me sentir chez moi. Les dix jours suivants furent riches en rencontres et en découvertes.
Dès notre première soirée à Beijing, un collègue monténégrin et moi-même sommes allés tester un restaurant de fondue chinoise. Ne parlant pas chinois, nous avons pointé les photos du menu pour passer commande. Grâce à la patience du serveur et à l’application de traduction Pleco, nous avons bientôt eu devant nous une table débordant d’ingrédients prêts à plonger dans le bouillon fumant. En tant que passionné de gastronomie, j’ai savouré chaque bouchée, du canard laqué aux plats de rue épicés de Yinchuan, en passant par les banquets à l’hôtel et les spécialités du Ningxia. Ces repas m’ont rappelé une phrase que j’affectionne particulièrement, qui dit que la gastronomie est le moyen le plus pur d’entrer dans une culture.
Mais même pour un amateur de cuisine, si je devais ne retenir qu’un seul élément marquant de ce voyage, ce serait le peuple chinois. Chaque instant a été l’occasion d’une nouvelle rencontre. En gravissant les marches de la Grande Muraille, dans les rues, dans le métro, en négociant au Marché de la soie, ou en explorant la Cité interdite, les hutong de Shichahai et les temples. Partout, il ne s’agissait pas seulement de voir, mais de rencontrer des gens.
Des habitants chaleureux et curieux nous abordaient avec le sourire, posant chaleureusement des questions sur notre séjour, nous enseignant quelques mots de mandarin, nous recommandant des lieux à visiter, ou pratiquant simplement leur anglais. Beaucoup ne voulaient que prendre une photo avec nous, un petit geste, mais tellement riche de sens. C’est dans ces échanges que j’ai trouvé le véritable cœur de la Chine ; non pas dans ses monuments, mais dans les personnes qui les font vivre.
Avant de venir, je pensais comprendre le génie des ingénieurs chinois, jusqu’à ce que je le voie de mes propres yeux. Enfant, j’étais fasciné par les Jeux olympiques de Beijing, admirant le « Nid d’oiseau » et le « Cube d’eau » à la télévision. Je m’étais promis de les voir un jour en vrai. Et en les contemplant enfin, j’ai compris qu’aucune photo ne pourrait rendre justice à leur beauté. Ce rêve d’enfance s’était enfin réalisé.
Mais la révélation la plus marquante s’est produite au Musée du Parti communiste chinois. Dans une salle de cinéma à 360°, nous avons embarqué pour un voyage vertigineux, survolant des mégaprojets, plongeant dans des eaux cristallines, traversant à grande vitesse des infrastructures titanesques. Cette vidéo immersive des réalisations chinoises m’a laissé sans voix, et j’en ai conclu qu’une seule visite ne suffisait pas. L’ampleur du développement, l’harmonie entre l’ancien et le moderne, nécessitent de revenir, encore et encore, pour essayer de saisir toute la richesse de la Chine.
Tout cela n’aurait jamais été possible sans la coopération entre les institutions et les pays. Les terres lointaines et les cultures étrangères ne doivent pas être abordées avec crainte, mais avec un esprit ouvert. Je suis désormais convaincu que la vraie prospérité se construit par le biais de ponts de compréhension mutuelle, des liens qui transforment les différences en collaborations, et la curiosité en progrès.
Et qui mieux que les jeunes pour bâtir ces ponts ? Nous, les jeunes, osons franchir les frontières. Nous, les jeunes, avons la meilleure chance d’unir un pays, une région, un monde. Pourquoi ? Parce que l’avenir nous appartient.
« Ce qui caractérise la jeunesse d’aujourd’hui, c’est la soif d’explorer l’inconnu. »
*DARKO SAVOVIC est vice-président de Youth of Europe