Société

Les pandas géants renforcent l'amitié entre la Chine et la France
Dialogue Chine-France | Updated: 2023-07-12 11:49:00

Rodolphe Delors, président directeur du ZooParc de Beauval, a ramené une bonne nouvelle après avoir accompagné le président français en Chine en avril 2023 : le bail des pandas géants français Huan Huan, la femelle, et Yuan Zi, le mâle, sera prolongé jusqu’en 2027. Huan Huan et Yuan Zi, les deux pandas emblématiques du ZooParc, sont arrivés en France en 2012 pour un séjour de dix ans et devaient retourner en Chine en 2022. Ils n’ont pas pu rentrer en Chine comme prévu à cause du COVID-19, alors la nouvelle de la prolongation du prêt a fait sensation.

Des discussions diplomatiques au plus haut niveau  

Emblème le plus célèbre de la conservation de la vie sauvage, le panda géant est classé comme « trésor national » en Chine. Ce statut unique lui confère une protection complète sur le territoire chinois. Tous les pandas à travers le monde appartiennent au gouvernement chinois, ce dernier n’autorise la sortie de pandas qu’à la demande du Président de la République ou du Roi du pays de destination et dans le but de programmes de reproduction et de protection bien précis. Huan Huan et Yuan Zi s’installent dans le cadre d’un ambitieux projet de reproduction, de conservation et de recherche en milieu naturel au ZooParc de Beauval, en coopération avec la base de Chengdu en Chine. En 2017, le couple a eu un fils, Yuan Meng, avant de donner naissance, en 2021, à des jumelles. Brigitte Macron a été choisie comme marraine pour le petit Yuan Meng qui se rendra en Chine en juillet 2023. 

Le 13 août 2021, au ZooParc de Beauval, deux bébés jumeaux de pandas dorment dans une couveuse. Ils pèsent respectivement 310 grammes et 296 grammes après dix jours de naissance. 

Huan Huan et Yuan Zi sont un symbole de paix et d’amitié entre la Chine et la France. Les deux chefs d’État de l’époque se sont mis d’accord pour transférer les animaux. Nicolas Sarkozy désireux de soutenir ce projet enthousiasmant, a porté la demande officielle auprès de son homologue Hu Jintao, lors de leurs rencontres internationales. En effet, le panda, un animal unique en son genre a toutes les qualités pour être un symbole de diplomatie. 

Quels critères pour accueillir des espèces menacées ? Généralement très exigeants, les critères pour les pandas sont certainement les plus délicats à remplir et les démarches d’accueil sont très longues. Avant d’accueillir Huan Huan et Yuan Zi, la direction du ZooParc de Beauval a donc travaillé pendant plus de cinq ans pour obtenir l’appui des dirigeants chinois et français, du ministère français de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, de l’ambassade de France en Chine et de l’ambassade de Chine en France, du Président du Conseil Général de Loir-et-Cher et Ministre de la Ville Maurice Leroy, du député Patrice Martin-Lalande (également vice-président du Groupe d’Amitié France-Chine, qui a fortement soutenu le projet depuis ses débuts), de la direction du Muséum d’Histoire naturelle et des autorités du CITES. En Chine, des accords ont été signés avec la direction de la base de Chengdu, l’Association Chinoise des Jardins Zoologiques (CAZG), le ministère des Forêts et le ministère des Affaires étrangères. 

Au ZooParc de Beauval, Huan Lili déguste son premier gâteau d’anniversaire et joue avec du bambou, le 2 août 2022. 

L’arrivée du couple de panda était hors norme ! FedEx Express a mis gracieusement à disposition du ZooParc de Beauval un Boeing 777F, le « FedEx Panda Express », spécialement affrété et décoré, le « FedEx Panda Express », ainsi qu’un camion spécial pour le transport jusqu’à Beauval ! Aujourd’hui, le ZooParc de Beauval cultive une quinzaine d’espèces de bambous pour ses pandas et fait venir un complément variétal une fois par semaine depuis des plantations rigoureusement sélectionnées. Une installation incroyable pour un couple hors du commun. « Sur les hauteurs de Chine », tel est le nom de la nouvelle extension créée dans le ZooParc, une zone de trois hectares qui emmène le visiteur dans l’univers si particulier de la Chine. Les visiteurs y accèdent par un pont sur pilotis sur lequel ils traversent un bosquet d’arbres pour entrer dans un univers à part. Le voyage commence en passant sous le grand porche richement sculpté et peint d’un rouge flamboyant. L’architecture de l’enclos des pandas s’inspire des constructions chinoises : tuiles vernissées jaunes ornées d’animaux légendaires, toits arqués, lampions traditionnels, barrière de pierre sculptée reprenant des scènes de la vie chinoise, splendides vases de porcelaine de 2 m de haut, immenses lions de marbre emblématiques, pagode extravagante de 5 m de haut, essences d’arbres asiatiques, végétation foisonnante de bambous… 

Pourquoi le zoo Beauval ?  

Si l’arrivée de pandas est si rare, c’est que les autorités chinoises sont très exigeantes quant aux compétences de l’équipe zoologique et vétérinaire du lieu d’accueil, ainsi qu’à la qualité des installations des animaux. Le ZooParc de Beauval est reconnu pour son sérieux, son engagement et son intérêt pour la pédagogie et la sensibilisation du grand public. Sa solide expérience en matière de reproduction d’espèces vulnérables comme les lamantins, les kangourous arboricoles, les koalas et les orangs-outans, a également favorisé l’installation de Huan Huan et Yuan Zi à Beauval ! 

Aux côtés du couple de pandas, plusieurs autres espèces chinoises sont présentes, afin de faire prendre conscience de la diversité du patrimoine animalier autochtone. Ainsi, des takins, étranges cousins montagnards des chèvres ; de somptueuses panthères des neiges ; de majestueux pygargues de Steller  ; des pandas roux et d’autres espèces font la fierté du ZooParc. De nombreux panneaux pédagogiques expliquent les particularités et les enjeux pour ces espèces, particulièrement menacées pour certaines. 

Huan Lili et Yuan Dudu, deux bébés jumeaux de pandas géants nés le 2 août 2021, rencontrent le public pour la première fois au ZooParc de Beauval, le 11 décembre 2021. 

Beauval s’engage non seulement sur les moyens mis en œuvre pour la reproduction, mais aussi sur une forte collaboration avec les équipes des centres chinois par le biais de projets de recherches scientifiques pour favoriser la survie des pandas sauvages, d’échange de données et de compétences, de soutien pour des programmes de conservation en milieu naturel, entre autres. Beauval a déjà commencé en versant des fonds pour la reconstruction du centre de Wolong en 2008 après un tremblement de terre dévastateur. Une aide a aussi été débloquée pour la recherche génétique en milieu naturel. 

La protection collective des pandas 

Le panda géant a longtemps figuré sur la liste des espèces en danger de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), il est aujourd’hui classé comme espèce vulnérable. Classé parmi les carnivores et appartenant à la famille des ursidés, il se nourrit malgré tout quasiment exclusivement de bambou, jusqu’à 20 kg par jour. Il mastique le bambou pendant près de 14 h par jour. Cela s’explique par sa faible capacité à digérer la cellulose de cette plante. Il avale les pousses de bambou entières mais ne garde que la partie intérieure et rejette le reste. Il ne vit à l’état sauvage que dans le centre de la Chine, dans les régions montagneuses du Sichuan, du Shaanxi et du Gansu recouvertes de forêts, entre 1 800 et 3 400 m. Une région difficile d’accès pour les Européens jusqu’au milieu du XIXe siècle, ce qui explique la description tardive du panda en Occident, par le missionnaire Armand David. La reproduction naturelle de ces ursidés est très compliquée : les femelles ne sont fertiles que 2 à 3 jours par an. La plupart du temps, il faut donc faire appel à l’insémination artificielle dans les élevages de Chine ou les parcs zoologiques où ils sont présents. 

Comme pour la plupart des espèces menacées, la réduction de la surface de son habitat naturel est la principale raison de sa disparition. La dispersion de l’habitat du panda est particulièrement préjudiciable, car des petits groupes de ces animaux sont soumis à un isolement de plus en plus important. Les chances de diversifier les souches génétiques s’amoindrissent, ce qui entraîne une baisse de la fécondité et de la résistance aux maladies.  

*Article écrit d’après les informations fournies par le ZooParc de Beauval 

Numéro 16 avril-juin 2023
APN&CCPPC 2023
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