Société

La protection réussie des pandas géants à Ya'an
By GAO FUHUA | Dialogue Chine-France | Updated: 2021-10-08 14:03:00

Le 13 juillet 2021, Cui Jianguo, un photographe amateur de Chengdu (Sichuan), est tombé sur un panda sauvage sur un arbre dans le district de Baoxing, à Ya’an, et l’a photographié avec son téléphone portable. La photo est rapidement devenue virale. 

Des experts du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO inspectent l’habitat du panda géant à Ya’an. 

Ya’an est le « pays des pandas » et il n’est pas rare de les croiser dans l’un des huit districts de la municipalité. Ce n’est pas seulement ici que le premier panda au monde a été découvert et identifié, mais c’est aussi un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, où se trouve le Parc national des pandas géants. 

Un missionnaire français découvre le panda 

La vie est apparue sur terre il y a environ 4 milliards d’années : sur les 500 millions d’espèces qui ont existé, 10 millions subsistent encore. Si les dinosaures ont disparu, seul le panda géant conserve encore son apparence et sa physiologie d’origine, à tel point qu’il est considéré comme un « fossile vivant » des espèces terrestres. 

Le 28 février 1869, après un long périple, le Père Armand David, un missionnaire français, est arrivé à l’église de Dengchigou à Muping, dans le district de Baoxing. Passionné par la systématique des insectes et des plantes depuis son enfance, et bénéficiant des recommandations 

d’Alphonse Milne-Edwards, conservateur du Muséum d’histoire naturelle de Paris, il s’était donné pour mission de prêcher tout en menant des recherches scientifiques en Chine. En 1862, âgé de 36 ans, il s’était embarqué de Marseille pour aller en Chine à la recherche de spécimens d’animaux et de plantes. 

Pendant 12 ans, il a parcouru la Chine du Nord et la Mongolie intérieure, avant de se rendre à Baoxing (appelée Muping à l’époque). « Bien que ce ne soit pas loin de Chengdu, c’est toujours un endroit fermé en raison des hautes montagnes. Les montagnes et les vallées fluviales ici sont couvertes de forêts vierges, permettant à la faune locale de survivre et de se perpétuer », écrivait-il dans son journal. C’est dans un si petit endroit qu’Armand David a découvert ce grand animal au corps blanc et aux membres sombres. Jamais on n’avait vu un tel animal. Il lui a d’abord donné le nom d’« ours noir et blanc », puis l’a officiellement nommé « panda géant ». 

Préserver l’habitat du panda géant 

Depuis la fondation de la République populaire de Chine en 1949, la protection des pandas géants n’a cessé de progresser. 

Les pandas de base d’élevage de pandas géants de Bifengxia à Ya’an (Sichuan) 

Ya’an compte désormais sept réserves naturelles pour la protection des pandas géants, dont trois de niveau national. En 1998, la ville a pris l’initiative d’interdire l’exploitation des forêts naturelles, et l’habitat des pandas géants a continué de s’étendre. En 2003, la plus grande base de pandas géants semi-sauvages au monde s’est installée à Bifengxia. À cette époque, le gouvernement populaire municipal de Ya’an et l’Institut des catastrophes en montagne et de l’environnement de Chengdu ont soumis au gouvernement provincial du Sichuan un rapport proposant de créer un parc national des pandas géants intégrant protection, vulgarisation scientifique et loisirs. 

Fin 2005, la candidature des « Sanctuaires du grand panda du Sichuan - Wolong, Mont Siguniang et Montagnes de Jiajin » a été déposée en vue de son inscription sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. « Deux David ont parcouru les Montagnes de Jiajin à un siècle d’intervalle. Notre objectif commun est de protéger les trésors de la nature et les trésors de l’humanité, afin que le panda géant puisse survivre dans cet habitat et vivre en harmonie avec les humains », avait alors déclaré le juge en chef, David Sheppard, lors de sa venue à Ya’an. 

Le 12 juillet 2006, le site a finalement été inscrit lors de la 30e Conférence du patrimoine mondial de l’UNESCO. Il s’agit du plus grand site de protection du patrimoine au monde ayant la faune comme élément principal. C’est également le premier site en Chine à figurer sur la Liste du patrimoine naturel mondial qui fait de la protection de la faune son élément principal. 

Le 5 décembre 2016, le Programme pilote du mécanisme des parcs nationaux du panda géant a été adopté et il s’est étendu du Sichuan au Shaanxi et au Gansu. Le Parc national des pandas géants couvre une superficie de 27 000 km2, dont 40,8 % sont situés à Ya’an. 

Une réintroduction en milieu sauvage réussie 

Depuis 2009, la Réserve naturelle nationale de Liziping, dans le district de Shimian, a commencé à réintroduire des pandas géants. En 2014, elle est devenue la première base de réintroduction des pandas géants de Chine. Sur les 11 pandas géants relâchés dans la nature en Chine jusqu’à présent, 9 l’ont été à Liziping. 

Selon les statistiques du 4e recensement des pandas géants en 2015, il y a plus de 30 pandas géants vivant dans cette étroite bande, un chiffre qui ne cesse d’augmenter. Grâce à la réintroduction, les pandas géants pourront rejoindre la population sauvage locale, augmentant finalement la diversité génétique et renforçant la population sauvage. 

Yang Zhisong, le premier chef de l’équipe de surveillance pour la réintroduction des pandas géants et professeur à la faculté des sciences de la vie de l’Université normale de la Chine de l’Ouest, est lui aussi un nouvel arrivant à Liziping. Il s’est installé à Shimian. « Je passe plus de temps sur le terrain à travailler à Liziping qu’à enseigner en classe. Afin que le panda géant puisse vivre dans un habitat complet et intact, l’ethnie Yi de Liziping qui habitait là initialement a été entièrement déplacée. « La vraie maison des pandas géants est à l’état sauvage, et c’est le sens ultime de tous les efforts pour ramener les pandas géants à la nature », a souligné M. Yang, disant que les individus relâchés se portaient bien et que l’objectif avait été atteint comme prévu. 

Le panda n’est plus en danger d’extinction 

En 1969, Cui Xuezhen, originaire de Ningbo, diplômé de L’Université forestière de Beijing, a été affecté à Ya’an. Il a travaillé à Baoxing pendant plus de 30 ans. « Je n’ai qu’un foyer dans ma vie, et je ne fais qu’une seule chose, c’est protéger les pandas géants. » Des années 1980 à 2010, il a participé au sauvetage de plus de 50 pandas géants sauvages gravement malades, dont le célèbre Basi, qui a servi de modèle à la mascotte Panpan lors des Jeux asiatiques de Beijing en 1990. 

À l’heure actuelle, on compte plus de 1 800 pandas géants à l’état sauvage en Chine. « En fait, dès septembre 2016, l’Union internationale pour la conservation de la nature a fait passer le panda géant d’espèce en voie d’extinction à espèce vulnérable », a-t-il remarqué. La remise en état des terres, la construction d’agglomérations, le développement et le transport des ressources minérales, ainsi que la construction de projets de conservation de l’eau avaient autrefois poussé les pandas géants au bord de l’extinction. « Ce qui est gratifiant, c’est que la Chine a fait des efforts qui ont été mondialement reconnus pour sauver les pandas géants, avec la promulgation et révision d’un certain nombre de lois et de règlements tels que la Loi sur la protection de la faune et le Règlement sur les réserves naturelles. 

M. Cui s’en félicite, car selon lui, cela montre que l’efficacité dans la protection des pandas géants a été reconnue par les organisations internationales, et de même, cela récompense les efforts de protection du gouvernement chinois au fil des ans.  

*GAO FUHUA est journaliste au Quotidien de Ya’an 

Numéro 12 avril-juin 2022
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