L’adhésion au multilatéralisme entre la Chine, les États-Unis et l’Union européenne, est extrêmement difficile, surtout en ce moment : l’UE est prise entre la Chine et les États-Unis, alors qu’elle espère maintenir de bonnes relations avec les deux parties.
Fin 2020, au moment de l’arrivée de l’administration Biden au pouvoir, la Chine et l’UE avaient achevé les négociations sur un accord bilatéral d’investissement. Cela aurait dû être une bonne occasion, mais les tensions auxquelles nous sommes confrontées rendent très difficile son approbation par le Parlement européen.
Les lots de vaccin contre le COVID-19 sont chargés à Beijing
dans le cadre de l’aide du gouvernement chinois à Djibouti, 13 mars 2021.
Nous devons gagner du temps. À mon avis, ces tensions ne dureront pas très longtemps, et nous devons profiter de cette période pour optimiser l’objectif visant à valider cet accord. Le dialogue est nécessaire pour que les tensions se dissipent. Nous pourrons entretenir le dialogue sur les aspects consensuels et ainsi que sur nos préoccupations communes, comme l’environnement. C’est un domaine très vaste et favorable à l’amélioration des relations entre la Chine et l’UE ; c’est également un domaine dans lequel des progrès peuvent être réalisés pendant cette période difficile.
Un autre domaine dans lequel l’UE et la Chine peuvent coopérer, c’est la construction de « la Ceinture et la Route ». Le fait que l’UE a rejoint cette initiative a contribué à améliorer nettement les relations entre les deux parties. Cette initiative, lancée par la Chine, est étroitement liée à l’UE, et la coopération sino-européenne est indispensable.
De plus, l’initiative pourra servir de plateforme pour la coopération sino-
européenne en Afrique. L’UE a ses propres considérations, et il en va de même pour la Chine, et tant l’UE que la Chine ont également leurs propres considérations vis-à-vis de l’Afrique. J’ai l’audace de me demander ceci : pourquoi la Chine et l’UE ne
pourraient-elles pas travailler ensemble pour construire vingt hôpitaux en Éthiopie, ou coopérer dans certains domaines pour le développement de l’Érythrée ou d’autres pays ? Nous pourrions ainsi ouvrir de nouveaux horizons, ce qui est la seule issue pour sortir de la situation difficile que nous connaissons à présent. Ce n’est que de cette façon que nous pourrons améliorer nos relations et que nous aurons des projets sur le long terme.
La paix mondiale nécessite de tels changements, et nous devons travailler ensemble pour l’avenir du monde.
ROMANO PRODI • ancien premier ministre italien et ancien président de la Commission européenne