Photo prise le 24 janvier 2025 montrant un conteneur portant l'inscription "China-Europe Express" à Wilhelmshaven, en Allemagne. (Xinhua/Shan Weiyi) 

Selon les données de l'Office fédéral allemand de la statistique, la Chine a remplacé les Etats-Unis en tant que première partenaire commerciale de l'Allemagne au cours des huit premiers mois de l'année. 

Pour des analystes, ce changement reflète l'impact croissant des droits de douane et des barrières commerciales américains, qui mettent à rude épreuve les relations économiques transatlantiques et affaiblissent la dynamique des exportations allemandes. 

De janvier à août, les exportations allemandes vers les Etats-Unis ont totalisé 101 milliards d'euros (117 milliards de dollars), soit une baisse de 6,5% par rapport à la même période de l'an dernier. Les exportations du mois d'août ont chuté de 20,1% en glissement annuel pour atteindre 10,9 milliards d'euros (12,7 milliards de dollars), soit la plus forte baisse depuis novembre 2021. 

Les importations en provenance des Etats-Unis ont atteint 63,4 milliards d'euros (73,6 milliards de dollars), portant le total des échanges bilatéraux à 164,4 milliards d'euros (191 milliards de dollars). En revanche, les échanges commerciaux entre l'Allemagne et la Chine se sont révélés plus résistants, atteignant 166,3 milliards d'euros (193 milliards de dollars) au cours de la même période. 

Dans le cadre d'un accord commercial entré en vigueur le 1er août, les Etats-Unis ont imposé des droits de douane de 15% sur la plupart des exportations de l'Union européenne. Dirk Jandura, président de la Fédération allemande du commerce de gros, a déclaré que la politique tarifaire américaine était un facteur clé de la chute des exportations, soulignant que la demande de voitures, de machines et de produits chimiques fabriqués en Allemagne avait fortement baissé. 

Selon l'Association des chambres de commerce et d'industrie allemandes, plus de la moitié des entreprises allemandes interrogées prévoient de réduire leurs échanges commerciaux avec les Etats-Unis, et environ un quart d'entre elles envisagent de suspendre ou d'annuler leurs projets d'investissement dans ce pays. L'économiste Hermann Simon a estimé que les droits de douane américains ont créé de sérieux défis pour les exportateurs allemands, avertissant que les entreprises qui perdent des parts de marché aux Etats-Unis devront explorer d'autres régions pour soutenir leur croissance. 

L'industrie automobile, qui a longtemps été un pilier de l'excédent commercial de l'Allemagne avec les Etats-Unis, a été la plus durement touchée. Depuis que Washington a augmenté les droits de douane sur les véhicules importés et les produits connexes en avril, les exportations automobiles allemandes ont subi une pression soutenue. 

D'après un rapport du cabinet de conseil EY, le secteur automobile allemand a supprimé approximativement 51.500 emplois au cours de l'année écoulée jusqu'en juin, soit près de 7% de sa main-d'œuvre. Les médias allemands ont rapporté que la hausse des droits de douane a entraîné une augmentation des prix des voitures et des pièces détachées allemandes aux Etats-Unis, ce qui a incité Mercedes-Benz, Volkswagen, Bosch, Continental et d'autres à mettre en œuvre des plans de réduction des coûts drastiques. 

Cette pression s'est répercutée sur d'autres secteurs. DHL a annoncé le licenciement d'environ 8.000 employés d'ici à la fin de l'année, Siemens prévoit de supprimer 6.000 emplois d'ici à 2027, et Thyssenkrupp Steel et Bosch ont annoncé des réductions d'effectifs plus importantes d'ici à la fin de la décennie. 

La hausse des coûts et la baisse de la demande ont également entraîné une augmentation des faillites d'entreprises. Selon l'association, les faillites d'entreprises ont atteint en juillet leur plus haut niveau en douze ans, avec plus de 22.000 dépôts de bilan prévus cette année, soit une moyenne de plus de 60 par jour. 

Le président de la Bundesbank, Joachim Nagel, a averti que les droits de douane américains et l'incertitude politique sapent la fragile reprise industrielle de l'Allemagne. L'Institut Ifo, un groupe de réflexion économique allemand, prévoit que l'économie allemande ne connaîtra qu'une croissance de 0,2% en 2025, en raison de l'impact prolongé des droits de douane et de la faiblesse de la demande mondiale.