Economie

Connectivité et soutenabilité
By ADRIEN MUGNIER* | La Chine au présent | Updated: 2024-11-22 15:36:00

Dans le chapitre XX du tome IV de Xi Jinping : La Gouvernance de la Chine, il est question du développement de qualité de linitiative « la Ceinture et la Route » (ICR). Cette section met laccent sur la nécessité daméliorer la qualité et la durabilité des projets menés dans le cadre de linitiative, tout en renforçant la coopération internationale et en assurant des bénéfices mutuels pour les pays participants. Cette annonce marque une nouvelle étape essentielle pour redynamiser ce projet lancé en 2013, qui a démontré son rôle majeur pour une meilleure connectivité à léchelle du monde.  

Xi Jinping illustre le postulat suivant, bien que l’ICR ait déjà permis des progrès importants en matière de construction dinfrastructures et dexpansion commerciale, il est temps de passer à un modèle de développement plus durable et de qualité. Cela signifie privilégier des projets économiquement viables, respectueux de lenvironnement et socialement responsables. Cette nouvelle vision peut être comparée à la seconde étape du lancement dune fusée : après lefficacité, vient la soutenabilité, marquée par la qualité. Ce critère est essentiel à la pérennité du projet, qui touche aujourdhui à de nombreux secteurs tels que les infrastructures, le commerce, la gouvernance et le développement.  

Solidarité et coopération internationales 

Le premier aspect abordé est la notion de coopération internationale. La lutte contre le COVID-19 a rappelé douloureusement que les initiatives solitaires et égoïstes sont vouées à léchec. Dans les relations internationales et la santé, la solidarité est essentielle pour relever les défis mondiaux, tels que les pandémies et les crises sanitaires. La coopération entre les nations permet de mutualiser les ressources, les connaissances et les compétences pour garantir un accès équitable aux soins de santé, aux médicaments et aux vaccins, comme la montré la crise de 2020.  

Le multilatéralisme joue un rôle clé en offrant une plateforme où les pays peuvent travailler ensemble au sein dorganisations internationales comme lOMS, afin de définir des stratégies communes, renforcer les systèmes de santé et promouvoir une réponse coordonnée face aux urgences sanitaires mondiales. Cet exemple de la santé illustre lidée du président chinois de favoriser une coopération basée sur des innovations technologiques, des approches modernes en matière de financement et une meilleure coordination des politiques entre les pays partenaires. L’objectif est de sassurer que les projets de l’ICR ne se limitent pas à de grandes infrastructures, mais apportent des bénéfices à long terme pour le développement économique et social. Cela passe par le renforcement dautres secteurs non traditionnels du projet des nouvelles routes de la soie, initialement axés sur les grandes infrastructures. 

Pour une ICR inclusive 

Le président chinois évoque « la concertation, la synergie et le partage » pour rendre linitiative plus inclusive et bénéfique aux pays impliqués. Le développement de qualité repose sur lintégration des différentes économies tout en évitant les déséquilibres. Lobjectif est de créer des partenariats équilibrés, où chaque partie tire des avantages économiques et sociaux de la coopération. Dans le domaine de la santé, les productions conjointes de vaccins au Brésil, aux Émirats arabes unis, en Malaisie et au Pakistan illustrent cette volonté de coopération par les nouvelles routes de la soie et une illustration de lhéritage de la lutte commune contre le virus. 

Selon le président chinois, la notion dinclusivité de tous les partenaires doit suivre un idéal : atteindre des objectifs communs de lutte contre la pauvreté et damélioration de la dignité humaine. Ces objectifs se traduisent par une meilleure connectivité économique et commerciale, la lutte contre la pauvreté, l’intégration des économies au marché mondial, et la participation de tous les acteurs à la gouvernance sous-régionale, régionale et mondiale. Toutefois, pour œuvrer au développement de qualité de l’ICR, se pose lengagement de soutenabilité financière du projet qui doit théoriquement se conclure en 2049, pour les 100 ans de la Chine nouvelle. Par conséquent, se pose la problématique de la gestion de la dette des pays partenaires. Xi Jinping insiste sur la nécessité déviter une dépendance excessive à lendettement pour financer les projets. Il encourage des pratiques financières plus transparentes et soutenables pour garantir une stabilité économique à long terme. Pour assurer la viabilité à long terme des projets, des mécanismes financiers innovants sont mis en place, incluant des partenariats public-privé et des financements à conditions favorables, afin déviter des niveaux dendettement excessifs et de garantir un bénéfice partagé entre les acteurs impliqués. Le président chinois mentionne des sujets nouveaux comme le contrôle des risques et lamélioration de la rentabilité des investissements. Enfin, on peut citer le processus dannulation, dallégement ou de restructuration de la dette de certains pays partenaires. Symbole dune gestion intelligente de la coopération, en fonction de la situation de chaque acteur, sans prédation et de ladaptation du processus de remboursement de sa dette en fonction de sa situation économique et politique.  

Le développement de l’ICR et la place croissante de la Chine dans la diplomatie mondiale témoignent du nouveau rôle du pays dans la gouvernance mondiale. En tant que force motrice de linitiative, la Chine entend jouer un rôle de leader dans létablissement de nouvelles normes de coopération internationale, en favorisant un modèle de gouvernance mondiale plus inclusif, équitable et coopératif. Face aux grands enjeux du XXIe siècle, il est crucial dadopter une approche plus verte dans la mise en œuvre des projets de l’ICR. La Chine appelle à des investissements dans des projets respectueux de lenvironnement, à une gestion écologique des ressources, et à la promotion dune économie bas-carbone. Ce message est relayé lors de chaque rencontre internationale ainsi que dans les rencontres bilatérales entre la Chine et les pays partenaires de l’ICR.  

*ADRIEN MUGNIER est directeur de lObservatoire français des nouvelles Routes de la Soie, un centre détude et de veille sur linitiative « la Ceinture et la Route ». 

Numéro 21 juillet-septembre 2024
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