Culture

Le patrimoine culturel immatériel entre les mains de la jeunesse
By HOU WENWEN | La Chine au présent | Updated: 2021-03-02 17:31:00
Yang Longmei tresse du bambou.

 

La protection et la transmission du patrimoine culturel immatériel vont de pair avec l’innovation. Il constitue l’ADN d’une ville comme à Chengdu, où il représente une force et une source d’inspiration.

 

En 2020, le Comité municipal de Chengdu de la Ligue de la jeunesse communiste a lancé le Concours international du patrimoine culturel immatériel de Chengdu pour la jeunesse afin de recueillir des « œuvres artisanales traditionnelles et projets présentant des caractéristiques locales et inscrits sur la Liste du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO ».

 

Broderies et brocarts du Sichuan, porcelaines d’antan, tissage du bambou, théâtres d’ombres, figurines en poudre de riz gluant, bianlian (art du changement de visage dans l’opéra du Sichuan), quyi (arts du spectacle oraux traditionnels chinois), kuaibanshu (forme de narration orale populaire dans le Nord de la Chine), laques, papiers découpés, calligraphies, guqin (instrument de musique traditionnel chinois à cordes pincées de la famille des cithares) ont été présentées devant le jury.
 
Une série de sculptures d’argile sur Zhang Sanfeng, fondateur légentaire du taijiquan.

 

Le tissage du bambou renoue avec le succès

 

Les jeunes peuvent apporter du sang frais à la préservation et à la diffusion du patrimoine culturel immatériel, et le tissage du bambou de Daoming en donne un exemple probant.

 

Yang Longmei, la trentaine, a grandi dans une famille de tisserands travaillant le bambou dans le bourg de Daoming, à Chongzhou (Chengdu).

 

En 2008, l’affaire familiale de tissage de bambou a été fortement affectée par le décès de son grand-père. En 2011, Yang Longmei, jeune diplômée, est revenue au pays pour aider dans la gestion de l’entreprise. Mais en 2013, un terrible incendie a ravagé l’usine. Cette catastrophe inattendue a eu le mérite de réveiller chez la jeune femme une passion pour cet art ainsi que son sens des responsabilités. Elle a alors repris le flambeau. Elle a fondé la coopérative Qiaomei de tissage de bambou de Daoming en 2014, selon le modèle « entreprise + base + ménages ruraux ». Sous sa direction, le nombre de tisserands est passé de 10 à 50, et environ 50 % des effectifs sont des jeunes. Par ailleurs, plus de 300 ménages ruraux ont rejoint cette coopérative

 

En 2016, avec un groupe de jeunes, elle a fondé la plateforme de promotion « Shu Yuan Yu Yi » (art du bambou tressé du Sichuan). « Nous nous présentons comme des nouveaux bâtisseurs car nous redéfinissons la notion même de patrimoine culturel immatériel pour y faire souffler un vent d’innovation. » Un événement en particulier a fait les gros titres : les marques de luxe Hermès et Loewe ont voulu coopérer, permettant ainsi de redécouvrir l’art du tissage du bambou.

 

Avec sa marque « Tissage de bambou de Daoming » doté de la propriété intellectuelle, l’équipe de Yang Longmei a créé quatre sections, à savoir le patrimoine culturel immatériel, la création culturelle urbaine, la vie de masse et la co-création intersectorielle. En 2019, son entreprise a fait un chiffre d’affaires de 8,27 millions de yuans, et malgré l’impact de l’épidémie de COVID-19, elle a engrangé 6,45 millions de yuans en 2020. Elle emploie plus de 1 300 locaux, dont 23 employés issus de ménages défavorisés ou de foyers avec une personne handicapée à charge, leur permettant de gagner 15 000 yuans par an en moyenne.
 
Une peinture en tissage de bambou

 

Des « graines » qui germent…

 

Ye Mutian est un spécialiste du papier découpé sichuanais et héritier emblématique du théâtre d’ombres de Chengdu. Il a particulièrement apprécié les œuvres en céramique et figurines en argile Maîtres de taiji, réalisées par deux enfants de neuf ans : « On ne peut s’empêcher de sourire à la vue de ces pièces. Il s’agit là d’un thème traditionnel, mais j’espère que par ce biais, les étrangers pourront comprendre le sens de l’humour et l’optimisme des habitants de Chengdu, et apprendront à aimer cette ville. »

 

Parmi les autres œuvres applaudies par Ye Mutian figurait aussi un cerf-volant d’Aoping, surnommé Phoenix.

 

Le travail qui a le plus impressionné Chen Airong, responsable de la communication au Centre de protection du patrimoine immatériel de Chengdu, c’est la série d’œuvres en céramique intitulée Scènes de la vie résidentielle au Sichuan occidental. Ces productions, réalisées par des étudiants malentendants de l’école spécialisée de Qionglai, présentent des images évocatrices de la vie dans l’ouest du Sichuan. « Ces 26 pièces artisanales en céramique si uniques expriment la mentalité des descendants du Sichuan occidental, qui aspirent à perpétuer les traditions et à revenir aux sources. Ces représentations constituent un portrait vivant de la symbiose entre l’homme et la nature ! ».

 

Le Concours international du patrimoine culturel immatériel de Chengdu pour la jeunesse prouve que les « graines » disséminées par la culture traditionnelle ont pris racine, germé et fleuri dans le cœur d’innombrables jeunes Chinois, et qu’elles portent désormais des fruits.

 

*HOU WENWEN est journaliste à Tianfu Culture.

 

Numéro 12 avril-juin 2022
L'Axe central de Beijing, une artère historique
Le charme de Beijing à travers les figurines en farine
La Chine agit pour protéger la biodiversité végétale
Un siècle de photographies de l'Axe central de Beijing
Liens