Le 6 mai 1975, Zhou Enlai, alors Premier ministre du Conseil des affaires d’État, et Sir Christopher Soames, vice-président de la Commission européenne en visite en Chine, avaient conjointement annoncé la décision d’établir des relations diplomatiques entre la Chine et la Communauté économique européenne, un événement marquant dans les relations internationales de l’époque. « La coopération entre la Chine et l’Europe n’est pas une mesure temporaire, mais un pont tourné vers l’avenir. » C’est ainsi que Zhou Enlai avait exprimé, la veille de l’annonce officielle, sa vision des relations sino-européennes. 

Le 16 mai de cette année, à l’occasion du 50e anniversaire, l’ancien Premier ministre italien et ex-président de la Commission européenne, Romano Prodi, a prononcé un discours intitulé « Les opportunités et les défis du commerce sino-européen face aux droits de douane américains » à la Faculté d’économie de l’Université de Pékin. « Sans être frères, nous avons toujours été de bons amis. » C’est ainsi que M. Prodi, qui a contribué à la naissance de l’euro et promu l’élargissement à l’Est de l’UE, a décrit dans une interview accordée au Global Times les relations sino-européennes depuis l’établissement des relations diplomatiques. 

S’appuyant sur des données concrètes, il a souligné la nécessité pour la Chine et l’Europe de renforcer davantage leur coopération. « Les États-Unis représentent 24 % du PIB mondial, tandis que la Chine et l’Europe en représentent chacun 17 %. Si la Chine et l’Europe unissent leurs forces, elles peuvent stabiliser l’ordre économique international. » Il a cependant reconnu que des efforts conjoints et une communication ouverte étaient nécessaires, ce qui « n’est pas chose aisée », en raison, selon lui, du fait que « l’un des grands défis auxquels l’Europe est confrontée est son manque de cohésion interne ». M. Prodi a surtout salué la « cohérence à long terme » de la politique chinoise. 

Cette année marque la fin du 14e Plan quinquennal de la Chine, ainsi que l’élaboration du suivant. Ce système, fondé sur des cycles de cinq ans pour orienter le développement économique et social du pays, est une fenêtre précieuse grâce à laquelle les observateurs étrangers peuvent comprendre la trajectoire de développement de la Chine. C’est aussi la preuve de sa vision de développement à long terme. « La Chine fait preuve d’une vision à long terme dans ses politiques économiques et internationales... Une telle constance stratégique est difficilement concevable dans de nombreux pays occidentaux », a estimé M. Prodi. 

La Chine agit également de manière concrète pour favoriser des échanges plus étroits avec l’UE, notamment en accordant une exemption de visa unilatérale à 24 États membres. 

Le 6 mai, Lin Jian, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, a déclaré que la Chine et le Parlement européen avaient décidé de lever simultanément toutes les restrictions concernant leurs échanges mutuels. Avec la reprise complète des échanges entre les organes législatifs chinois et européens, les interactions et la compréhension mutuelle vont s’approfondir, insufflant une nouvelle dynamique au développement sain, stable et durable de leur relation. 

La coopération stratégique entre la Chine et l’Europe n’est donc pas une mesure d’urgence destinée à faire face aux pressions exercées par l’administration Trump, ni une solution de circonstance, mais bien le reflet d’une intégration profonde de leurs intérêts dans des domaines clés comme les chaînes industrielles, le commerce, et l’ordre multilatéral international.