Chine-France

Une constellation d'amis
La Chine au présent | Updated: 2024-08-04 16:58:00

La coopération Chine-France et Chine-UE dans l’espace atteint des niveaux stratosphériques. 

Le Forum des sciences de l’espace fait ses débuts lors de la conférence annuelle du Forum de Zhongguancun, à Beijing, le 27 avril 2024. 

Le 22 juin, la fusée porteuse Longue Marche-2C avec à son bord le satellite astronomique sino-français a été lancée depuis le centre de lancement de satellites de Xichang en Chine, donnant le coup d’envoi de la mission conjointe de détection des sursauts gamma. Il s’agit d’un satellite dédié aux sciences spatiales, développé conjointement par les deux pays. De sa conception théorique en 2005 jusqu’à son lancement réussi aujourd’hui, c’est le fruit de deux décennies de coopération entre scientifiques et ingénieurs chinois et français.

Le tout est supérieur à la somme des parties 

Cette mission est la dernière réalisation de la coopération aérospatiale entre les deux pays. Les quatre charges utiles comprennent un moniteur de rayons gamma appelé Space-based multi-band astronomical Variable Objects Monitor (SVOM) et un télescope optique développés par la Chine, ainsi qu’un imageur à rayons X durs et un télescope à rayons X mous développés par la France. Expliquant le choix d’une coopération internationale, Wei Jianyan, le scientifique en chef chinois du satellite astronomique sino-français, a déclaré que comprendre et explorer l’univers est le rêve commun de toute l’humanité, et que la France étant un pays important dans l’aérospatiale, il est possible de combiner les meilleurs talents et atouts technologiques pour former une force commune où le tout est supérieur à la somme des parties.

« La Chine observe les phénomènes astronomiques depuis des millénaires. Aujourd’hui, elle est devenue un acteur majeur de l’exploration spatiale, notamment dans les sciences spatiales », a déclaré Bertrand Cordier, responsable scientifique de la mission SVOM au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). « Grâce à la coopération, nous pouvons faire mieux. Au cours des 20 dernières années, j’ai observé le développement rapide de l’industrie aérospatiale chinoise et souhaite renforcer davantage la coopération entre les deux pays à l’avenir pour réaliser conjointement le rêve de l’aérospatiale. »

La coopération sino-française dans ce secteur a une longue histoire. Dès 1977, une délégation chinoise s’était rendue à l’Office national d’études et de recherches aérospatiales, donnant ainsi le coup d’envoi d’une coopération à long terme entre les deux pays. Depuis que les deux gouvernements ont signé l’Accord de coopération en matière d’exploration et d’utilisation pacifiques de l’espace extra-atmosphérique en 1997, une série d’initiatives ont été menées dans l’observation de la Terre, l’exploration de l’espace lointain, le développement de satellites, l’exploration lunaire et les vols spatiaux habités, obtenant des résultats remarquables.

Le lancement en octobre 2018 du satellite océanographique sino-français, le premier satellite développé conjointement par les deux parties, a contribué à améliorer la réponse mondiale au changement climatique et à protéger la biodiversité, ainsi qu’à assurer la surveillance de l’environnement marin et la prévention et la réduction des catastrophes.

En avril 2023, lors de la visite du président français Emmanuel Macron en Chine, la Chine a fait don au Muséum national d’histoire naturelle de 1,5 gramme d’échantillons lunaires à des fins scientifiques. Cette institution l’a qualifié de « critique pour la science et la connaissance » sur son site et prévoit d’établir un centre de recherche avec plusieurs institutions françaises pour mener des recherches conjointes sur ces échantillons.

En juin de cette année, la sonde Chang’e-6 emportait un détecteur de radon lunaire fourni par la France pour étudier la transmission et la diffusion de substances volatiles dans la poussière lunaire et dans l’espace lunaire. C’est la première fois que la Chine et la France coopèrent dans l’exploration lunaire, et c’est aussi le premier projet spatial d’alunissage de la France. « Au cours de ces quatre dernières années, nous sommes devenus amis sur la base de la confiance », a déclaré Pierre-Yves Meslin, chercheur principal de la charge utile DORN du Centre national de la recherche scientifique/Institut d’astrophysique et de planétologie, qui a participé au développement du détecteur de radon lunaire. Il souhaite que les scientifiques chinois et français coopèrent davantage dans le domaine des échantillons lunaires que Chang’e-6 a ramenés de la face cachée de la Lune.

 

Lancement d’une fusée porteuse Longue Marche-2C avec à son bord un satellite astronomique sino-français depuis le Centre de lancement de satellites de Xichang (Sichuan), le 22 juin 2024 

Une constellation d’amis plus large 

L’exploration spatiale sino-française est un exemple du renforcement de la coopération internationale sur la base de l’égalité, du bénéfice mutuel, de l’utilisation pacifique et du développement inclusif. En juin de cette année, la mission Chang’e-6 a coopéré avec l’Agence spatiale européenne, la France, l’Italie et le Pakistan sur quatre charges utiles scientifiques, permettant l’obtention de données scientifiques précieuses de première main et marquant le début de la collaboration dans le domaine de l’observation et du contrôle.

Le jour du lancement de Chang’e-6, l’Administration spatiale nationale chinoise a organisé un séminaire international sur la charge utile de la mission Chang’e-6 dans la ville de Haikou (Hainan), en présence d’une cinquantaine de représentants d’agences spatiales de 12 pays, dont la France et l’Italie, d’ambassades en Chine et d’organisations internationales telles que les Nations unies et l’Agence spatiale européenne. Ils ont fait l’éloge de la coopération internationale étendue dans le cadre de la mission Chang’e-6 et convenu de continuer à rechercher de nouvelles modalités de coopération dans l’exploration de la Lune et de l’espace lointain. Karl Bergquist, responsable des relations internationales de l’Agence spatiale européenne, a déclaré que les réalisations de la Chine dans le domaine spatial ont fourni de nouvelles perspectives et des données importantes pour l’exploration humaine de l’espace. « La coopération spatiale entre l’Union européenne et la Chine a un énorme potentiel », a-t-il affirmé.

La coopération entre la Chine et l’Union européenne (UE) dans ce domaine a débuté dans les années 1980. En juillet 2001, l’Administration spatiale nationale chinoise et l’Agence spatiale européenne ont signé à Paris un accord de coopération pour développer un projet commun baptisé « Double Star », qui a établi un modèle de coopération Chine-UE dans le domaine de l’espace. La Chine et des pays européens ont ensuite mené plusieurs programmes de coopération satellitaire, notamment le satellite astronomique sino-français récemment lancé, le satellite de surveillance géomagnétique sino-italien lancé en 2016 et le satellite océanographique sino-français lancé en 2020. L’Agence spatiale européenne participe aussi directement au développement du satellite SMILE (Solar wind Magnetosphere Ionosphere Link Explorer). Les universités européennes, les instituts de recherche scientifique et les sociétés commerciales ont acheminé d’innombrables petits satellites et charges utiles de test sur des engins spatiaux chinois.

Le programme spatial habité chinois bénéficie également depuis longtemps d’une participation européenne. Dès 2003, lorsque Yang Liwei effectuait le premier vol habité à bord de Shenzhou-5, la station d’observation et de contrôle de Malindi au Kenya, appartenant à l’Agence spatiale italienne, a participé à la phase d’atterrissage du vaisseau spatial. En 2011, le vaisseau spatial Shenzhou-8 a acheminé le dispositif expérimental biomédical allemand SIMBOX. En 2016, la Chine et l’UE ont mis en œuvre un projet de formation et d’échanges d’astronautes. Le taïkonaute chinois Ye Guangfu s’est rendu en Italie pour participer à une formation de survie dans une grotte organisée par l’Agence spatiale européenne. L’année suivante, l’astronaute allemand Matthias Josef Maurer et l’astronaute italienne Samantha Cristoforetti ont participé à un exercice de sauvetage en mer au large de Yantai (Shandong).

Les deux parties ont continuellement élargi le domaine de la coopération pour obtenir des bénéfices mutuels et des résultats gagnant-gagnant. En 2019, la sonde chinoise Chang’e-4 a réalisé le premier alunissage en douceur d’une sonde sur la face cachée de la Lune, transportant des instruments et des équipements d’Allemagne et des Pays-Bas. En 2021, la mission Tianwen-1 a coopéré avec l’équipe de la mission Mars Express de l’Agence spatiale européenne pour effectuer un test de communication par relais en orbite entre le rover martien Zhurong et l’orbiteur Mars Express, une réussite totale. Les projets de coopération spatiale Chine-UE, notamment sur l’observation de la Terre et des applications de la télédétection, progressent régulièrement. « La coopération entre l’UE et la Chine dans le domaine spatial est dans l’intérêt commun des deux parties. Nous sommes satisfaits de la coopération à long terme et des résultats dans les domaines concernés », a remarqué M. Bergquist.

Le « cercle d’amis » de la Chine devient une « constellation d’amis » à mesure que la coopération se développe. En novembre 2023, la Chine avait signé plus de 150 accords de coopération dans le domaine de l’espace avec plus de 50 pays et organisations internationales. La Chine s’engage à permettre à tous les pays du monde de participer à l’exploration spatiale et de partager les réalisations. L’exploration spatiale a un cycle long ; elle est coûteuse et complexe, d’où la nécessité de travailler ensemble, de manière ouverte et collaborative, pour aller encore plus loin.

L’article est édité par La Chine au présent.

Numéro 20 avril-juin 2024
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